AVEC LA RENTRÉE, LE MARATHON DU SOIR EST DE RETOUR: ACTIVITÉS PARASCOLAIRES, TRANSPORTS, DEVOIRS, DÎNER… CES DEVOIRS, INSÉRÉS DANS UN EMPLOI DU TEMPS SOUVENT CHARGÉ, REPRÉSENTENT UN DÉFI DANS NOMBRE DE FAMILLES. SOURCES DE STRESS ET DE CONFLITS, LES DEVOIRS SONT SOUVENT MAL VÉCUS ET LEUR UTILITÉ CONTROVERSÉE. QUEL EST LEUR RÔLE DANS LE DÉVELOPPEMENT DE L’AUTONOMIE DE L’ENFANT?
La vie n’est qu’une succession de constantes adaptations, il en va également ainsi pour les apprentissages. Apprendre, c’est aussi savoir se débrouiller sans l’enseignant, s’adapter progressivement à des entraînements de plus en plus complexes. Les devoirs, si adaptés à l’âge de l’enfant, sont donc profitables à la construction de son autonomie. Penser que l’autonomie s’acquiert en le laissant seul face à un travail est une erreur lourde de conséquences, car, peu à peu, le découragement s’installe. En effet, lui transmettre la volonté de prendre sa réussite en main est un objectif des plus constructifs. Il n’est plus à démontrer que les encouragements et la présence des parents lors des devoirs, de l’école primaire au collège, contribue grandement à ce que l’enfant développe une attitude positive envers l’école et son «métier d’élève». Mais qu’entend-on par présence et comment lui permettre de devenir autonome?
À chacun son rôle
Du point de vue de l’enseignant, les devoirs sont un pont entre l’école et la maison. Ainsi, l’enfant s’approprie les notions de manière plus autonome, s’exerce, s’entraîne et consolide ce qui a été enseigné dans la journée. Il devient de plus en plus responsable et s’habitue à prendre un temps de travail personnel pour vérifier sa compréhension. Ce n’est pas censé être une corvée, mais un soin accordé à la pensée en constante évolution. Un temps pour soi, pour s’offrir une chance de progresser, voire de réussir à bâtir des projets futurs. Ces devoirs permettent donc de développer une certaine forme de coéducation avec les parents. Se concentrer et s’organiser en dehors de la classe sont de la responsabilité de l’enfant, mais les parents ont leur rôle à jouer dans cette responsabilisation. La juste posture parentale consiste à se rendre disponible pour ce temps de travail personnel sans, pour autant, prendre toute la place. Il s’agit de guider, soutenir et d’accompagner son enfant dans ses apprentissages. Être impliqué ne signifie pas qu’il faut simplement exiger des résultats. Souligner les efforts, aider à persévérer et à planifier, pointer les réussites et les savoir-faire sont autant d’encouragements indispensables à l’étayage de la confiance en soi. Au début, votre enfant aura besoin d’un accompagnement constant pour, peu à peu, constater qu’il sait effectuer plein de tâches par lui-même. Quelle fierté! De plus, si vous mettez en place des règles claires et fermes et que vous vous y tenez, les devoirs seront faits et vérifiés avant toute autre chose. Souvenez-vous, l’objectif est de l’aider à prendre sa réussite en main! En fait, la réussite scolaire et les devoirs qui l’accompagnent relèvent de la responsabilité partagée entre l’enseignant, l’enfant et ses parents.
«Seule son expérience aura valeur d’apprentissage, quelle qu’elle soit»
Trop c’est trop
La volonté de bien faire entraîne souvent des actions parentales qui figent l’enfant dans une soumission, puis un détachement de ses apprentissages entraînant finalement un dégoût pour toute activité scolaire. Voici quelques exemples de comportements qu’il convient d’éviter dans l’objectif de le responsabiliser : Donner la réponse, c’est tentant. Mais rappelez-vous que votre enfant doit apprendre, avant tout, à chercher. Si vous la lui donnez, vous lui retirez toute chance de surmonter ses difficultés. Listez plutôt avec lui les ressources dont il dispose pour trouver cette réponse. Le faire à sa place, c’est plus rapide. D’accord, mais qu’aura-t-il appris? Seule son expérience aura valeur d’apprentissage, quelle qu’elle soit. Indiquez-lui ou suggérez-lui le chemin à suivre, mais ne travaillez pas à sa place. Vous ne serez pas évalué, les connaissances de votre enfant le seront. Jouer à l’enseignant, même si la tentation est grande, est une très mauvaise idée. Il en va de la pédagogie comme de tout métier : n’est pas enseignant qui veut. Et votre enfant aspire simplement à trouver auprès de vous assurance, confiance et affection. Vos relations pourraient très vite s’en trouver vraiment conflictuelles. Imaginez que de retour à la maison, vous trouviez votre manager à la place de votre conjoint… Anticiper ses besoins en matériel et tout préparer en vue d’accélérer la mise au travail revient à mâcher pour lui la nourriture qu’il aura à digérer. Préparer et organiser son espace de travail, rassembler les outils adéquats, les manuels et leçons utiles, sont autant de tâches qui aident à s’approprier la suite. Une responsabilité utile et nécessaire. Et l’erreur est marginale, pas fatale. Exiger la perfection, aïe! Avoir des attentes au-delà des réelles capacités de l’enfant peut déclencher, chez ce dernier, une anxiété de performance. Par contre, il apprendra de ses erreurs.
Les moyens à privilégier pour le rendre autonome
Entre «trop» et «pas assez», certains comportements mesurés peuvent favoriser l’accès à l’autonomie, de l’école au lycée:
- Planifier ensemble les actions de la semaine et établir une routine, un moment récurrent pour s’organiser et, éventuellement, décomposer les gros travaux en plusieurs tâches.
- S’assurer qu’il comprend le lien entre exercices, cours et consignes, lui faire reformuler le travail qui lui est demandé et l’objectif de cette tâche.
- Laisser l’enfant chercher, produire et répondre tout en le guidant par des questions qui viseront à l’orienter vers les ressources adaptées et les moyens à sa disposition. Face aux erreurs, donnez-lui des pistes. Où pourrait-il trouver l’information?
- Le laisser rassembler les outils et les ressources nécessaires pour le travail demandé contribue à nourrir sa responsabilité. Qui, mieux que lui, peut savoir ce dont il a besoin?
- Lui expliquer par quelle voie il peut trouver la réponse par lui-même, offrir des choix de raisonnement et le laisser formuler sa propre réponse avant d’intervenir. Respecter sa pensée est primordial, quitte, par la suite, à la réorienter sur une démarche plus cohérente par des questions appropriées.
- L’encourager à demander de l’aide, mais seulement après avoir essayé. Il ne sait pas par où commencer ? Vous ne pouvez que l’encourager à reformuler la consigne, le questionner sur sa compréhension puis à oser passer à l’action. L’aide viendra ensuite, si besoin.
- Vérifier ensemble le travail effectué sans jugement atteste de votre intérêt pour ses efforts. Si vous constatez des erreurs ou des omissions, réorientez votre enfant tout simplement.
Chers parents, rappelez-vous que vous n’êtes pas ou plus en classe, que vous n’êtes pas évalués et que votre enfant a son propre chemin à construire. L’autonomie sécurisée est l’un des plus beaux cadeaux que vous puissiez lui apporter et la clé de la confiance en soi.
Valérie THEVENIAUT