Chacun d’entre nous a sa manière d’apprendre et chaque pensée a son cheminement interne, c’est un fait. Issus des recherches américaines en psychologie comportementale, les profils et styles d’apprentissages s’intéressent aux canaux privilégiés par lesquels s’effectuent la compréhension et la communication dans une situation d’apprentissage. Quel élève êtes-vous et savez-vous comment vous apprenez?
Sans répondre précisément à la question, l’objectif visé dans cette approche est d’apprendre à mieux connaître l’élève qui sommeille en nous et d’identifier les voies ou styles d’apprentissages les plus naturellement utilisés, afin d’en éprouver l’efficacité et d’ouvrir de nouvelles voies, de nouveaux canaux si les précédents s’avèrent inefficaces. Débroussaillons.
Trouver sa voie
Un profil d’apprentissage complet prend en compte trois dimensions: le profil de compréhension, le profil de motivation et le profil d’identité. L’intention n’est pas de figer ou d’étiqueter un élève, mais de prendre conscience des manières dont nous apprenons. Mais apprendre quoi? Effectivement, selon la matière et l’action scolaire, la voie spontanément utilisée ne sera pas la même. Résoudre un problème, apprendre une poésie, rédiger un mémoire ne sollicitent pas un seul canal d’information, mais plusieurs. Nos méthodes d’approche seront différentes en raison du support, de la matière, mais également de l’action #TRIBU / 101 cas d’école / Les profils d’apprentissage, une diversité à utiliser à réaliser. Ainsi, pour mémoriser, comprendre ou résoudre, nos stratégies diffèrent. Il faut s’y retrouver, je vous l’accorde. Trouver sa voie dans ce dédale est réalisable. Que penseriez-vous de tenir un petit carnet d’observations de vos stratégies d’apprentissages, de celles de vos enfants? On y note la matière, la tâche et le type d’action à effectuer, la tactique ou méthode utilisée et le support. A terme, ces observations précieuses vous permettront de mieux comprendre par quelles voies privilégiées vous apprenez et vous travaillez, et si ces voies sont d’une quelconque rentabilité ou s’il est temps d’en changer. Dans tous les cas, il sera utile d’analyser ces observations avec l’aide d’un professionnel compétent qui vous aidera à y voir plus clair, mais aussi à vous rendre plus performant.
Attention aux attentes trop fortes
«Je suis kinesthésique auditif, avec un profil d’identité dynamique. Je comprends mieux toutes ces années passées à galérer dans mes études!» La tentation est forte de croire que nous pouvons nous cacher derrière un profil et jouer aux singuliers incompris, ce n’est pas si simple. S’appuyer sur ces seuls critères pour expliquer l’échec ou le désamour scolaire est comme expliquer la recette d’un Chateaubriand à l’aide de ses seuls ingrédients. Encore faudrait-il une cuisson, une surveillance et un matériel adaptés. La conscience et l’auto-vigilance sont donc vivement conseillées pour utiliser avec pertinence des styles d’apprentissages privilégiés et pour faire évoluer les styles mineurs. Votre détermination, celle de votre enfant, l’enthousiasme à apprendre vous permettront de les utiliser. Il serait facile, voire dangereux, d’attendre des profils d’apprentissages qu’ils expliquent tout, des choix aux résultats. Ils ne sont que des outils à manier avec une extrême prudence et dans le cadre d’un accompagnement.
Que faire de nos styles pour avoir du style?
Telle est la question: devant la diversité des approches, des canaux d’information, des styles de compréhension, des sources de motivation, comment s’engager dignement sur la voie de la réussite? La première démarche consciente est de connaître nos stratégies spontanées face à une tâche scolaire donnée. On observe, on prend des notes dans le petit carnet. La deuxième est de distinguer les stratégies gagnantes des stratégies perdantes: combien d’heures avez-vous passées à faire apprendre par cœur cette leçon à votre fils qui, le lendemain, n’en savait plus rien? Évaluer la rentabilité des actions est plus que jamais nécessaire: «Cela marche, je garde. Cela ne marche pas, je change.» La troisième coule de source: il convient donc d’explorer d’autres moyens, d’autres voies et de trouver celle qui lui permettra de restituer sa leçon, voire d’en tirer une compréhension durable. Explorer, essayer les diverses tactiques d’apprentissage s’avère rentable, si les situations dans lesquelles elles s’appliquent sont également identifiées. La conscience, une fois encore, améliore stratégies et performance. Puis, dans ce bel élan de conscience, il ne faut pas hésiter à dépasser nos croyances ou à en changer pour oser réussir. «Si tu connaissais ta leçon par cœur, tu aurais une meilleure note. Moi, lorsque j’étais à l’école, j’apprenais tout par cœur» est une croyance redoutable. Chronophage, source de conflits et pas toujours efficace, cette croyance demeure pourtant. Il est toujours temps de l’invalider pour la remplacer par une autre, plus motivante pour celui qui apprend. Enfin, avoir le courage d’explorer, d’observer ses fonctionnements face aux apprentissages pour tirer le meilleur profit de son travail suppose une grande honnêteté vis-à-vis de soi, une transparence quant aux tâches à effectuer ainsi que de la confiance en soi et en ses formateurs. Sans confiance, cette belle diversité ne vous sera d’aucune utilité. Apprendre est un processus complexe, mais naturel, issu de notre curiosité. Faites-vous confiance et apprenez, apprenez toujours, de tout et de tous!
«Résoudre un problème, apprendre une poésie, rédiger un mémoire ne sollicitent pas qu’un seul canal d’information, mais plusieurs»
Valérie THEVENIAUT