L’utilité des mathématiques n’est plus à démontrer. Leur application dans la vie quotidienne – d’Internet à la santé en passant par la météorologie ou encore le moindre objet connecté – nous est familière et, pourtant, leur enseignement et les études scientifiques demeurent l’objet de bien des craintes. Et si nous levions ces barrières ?
Barrière 1
Pour que toutes ces applications fonctionnent, des humains leur ont donné vie. Rassurez-vous, leur cerveau n’est pas différent du vôtre, leur intérêt pour la technologie les a simplement convaincus de la nécessité de fournir des efforts en mathématiques. Intérêt et confiance semblent déterminants de la réussite, quel que soit le domaine. L’inaptitude n’existe pas.
Barrière 2
Ne pas être un génie des mathématiques n’empêche pas d’être heureux. D’autres domaines stimulent l’imagination et donnent du plaisir voire des revenus, rassurez-vous. En revanche, bien vivre ses études, y compris les mathématiques, et, par extension, avoir le choix de sa formation est un enjeu capital. Il n’a pas que les maths dans la vie, mais ils contribuent à une réussite globale. Alors, comment aider les enfants à apprivoiser les maths sans pour autant leur donner un programme digne d’Einstein ?
Être un parent détendu sur la question mathématique
Pour explorer, les enfants ont besoin d’un regard bienveillant et de se sentir en confiance avec l’adulte qui les encadre. Lui laisser le droit à l’erreur, l’aider à la dépasser sans lui apporter de solution ni opposer de jugement est constitutif de la démarche mathématique. Si vous vous sentez stressée, mettez un peu d’humour dans les exercices ou les manipulations, laissez-le oser et valorisez ses réussites, sans vous extasier, bien sûr, mais en lui faisant prendre conscience de la pertinence de sa démarche.
Jouer, explorer et manipuler avec lui
Vous l’avez compris, il s’agit de partager un moment, d’accorder de l’attention à votre enfant, un temps qualitatif. Vous vous sentez stressée et surchargée de travail, voyez plutôt ce moment comme une détente, un instant agréable. L’adulte, c’est vous. Vous allez donc offrir du temps constructif et vous adapter au rythme de votre enfant. Posez des questions sur sa méthode de recherches : comment as-tu fait ? Par quoi as-tu commencé ? Faites des suggestions aussi pour l’amener à progresser dans sa réflexion : et si nous faisions des tas de dix ? Que penserais-tu de couper la pomme en quatre quartiers, puis en huit puis… ? Montrez- lui que vous cherchez, vous aussi : manipulez, explorez, redevenez un enfant l’espace de cet instant privilégié.
Utiliser les situations quotidiennes comme supports mathématiques
Oui, les quartiers de pomme pour comprendre les fractions, ça marche ! Les parts de pizza aussi ainsi que les boites de fromage en portions. Tout ce qui se partage est bon pour comprendre le fractionnement. A table, dans la cuisine, la salle de jeux, les maths sont partout pour qui veut bien les voir : la proportionnalité et le système d’unités de masse dans les recettes de cuisine, la division, l’écriture fractionnaire, la multiplication et les nombres carrés dans les LEGO… Constructions, mesures pour un projet d’aménagement du jardin, de la chambre seront autant de moments propices aux apprentissages mathématiques. Plus tard, à l’adolescence, les jeux de stratégie comme les échecs, les énigmes et toute situation quotidienne qui permet le recours au calcul mental seront privilégiées, d’autant plus si toute la famille participe, contribuant ainsi à une saine stimulation.
Déjouer certaines croyances sur soi et son enfant
«Et si je n’étais pas capable de mettre en place de telles situations? Les maths et moi, c’est du passé ! Je n’ai jamais été bon en maths…» Croyance de parent, croyance d’enfant et inversement: depuis toute petite vous nourrissez une crainte fondée des mathématiques, puisqu’on vous a attribué l’étiquette littéraire, vous l’énoncez haut et fort devant vos enfants et… Voyez-vous la suite ? Osez, essayez et n’ayez plus peur de vous tromper ! Petite, vous n’y étiez peut-être pas autorisée ? Le droit à l’erreur se revendique en mathématiques. De plus, vous montrerez à votre enfant que le parent que vous êtes lui fait suffisamment confiance pour lui montrer ses lacunes. C’est en partageant ce que l’on sait, mais aussi ce que l’on ne sait pas que l’on construit durablement. La pensée de la performance nous a fait perdre de vue ces instants précieux qui consistent à chercher, partager, sans afficher un savoir préalable. Il est rassurant pour l’enfant de savoir que ses parents peuvent ne pas tout connaître et qu’ils continuent à apprendre. Face à un parent trop performant, l’enfant se replie pour ne pas lutter ou entre dans une compétition sans fin, ne lui permettant pas d’identifier ses failles, de les dépasser et ainsi de construire la nécessaire confiance en soi. Votre enfant croira ce qu’il aura expérimenté et non ce que vous lui aurez livré de vous: vous étiez nul en maths ? Il n’est jamais trop tard pour vous approprier d’autres démarches et ce postulat ne doit pas faire barrière à l’horizon mathématique de votre «petit». Les mathématiques, c’est vraiment fantastique. Du partage, des échanges, des jeux, de la détente voire de l’évasion: un programme des plus attractifs qui donne du sens au rôle de parents. N’hésitez plus et amusez-vous.
Valérie THEVENIAUT