LA RENTRÉE EST PASSÉE, IL EST TEMPS DE S’ATTELER À LA CONSTRUCTION DE L’ÉDIFICE, C’EST-À-DIRE À LA MISE EN PLACE DES FONDATIONS SOLIDES POUR ASSURER UNE ANNÉE RÉUSSIE. IL EST VRAI QUE CHAQUE TRIMESTRE EST IMPORTANT, MAIS CHACUN À SA MANIÈRE, EN COUVRANT DES ENJEUX DIFFÉRENTS. QU’EN EST-IL DE CE PREMIER TRIMESTRE?
Le premier trimestre plante le décor dans lequel l’élève évoluera toute l’année. Il lui appartient donc de s’approprier son cadre d’exercice comme dans tout métier. Le métier d’élève suppose d’accepter d’entrer dans un milieu de travail normé et évolutif. Répondre aux attentes du premier trimestre c’est se donner la facilité de progresser au cours des deux suivants. Quels pourraient être les enjeux d’un trimestre d’installation ?
On s’installe, mais on s’organise
Toute installation suppose une organisation, on ne peut s’installer passivement sans risquer l’inconfort à court terme. Faire le choix d’une organisation efficace, c’est vouloir faciliter l’exécution du travail et gagner du temps. Pour cela, trois aspects doivent être vérifiés: L’organisation matérielle, celle qui concerne les supports et les instruments de travail. En général, même les élèves peu enclins au travail aiment cette phase de préparation, mais il leur faut de l’aide afin que cette organisation reste en place au cours de l’année. Quelques astuces vous y aideront comme avoir chez vous une réserve, ainsi que le double du petit matériel utilisé en classe, règle, compas, crayons, colle, inventorier les besoins en livres régulièrement, classer les feuilles volantes chaque fin de semaine…
L’organisation spatiale est celle du lieu choisi pour travailler. Que ce soit un coin dans la cuisine ou un bureau dans la chambre, cet espace doit être clair, aéré et dépourvu de distractions diverses. J’entends par là que travailler devant la télévision ou avec le téléphone sous les feuilles ne peut en aucun cas favoriser la concentration, quelles que soient les raisons invoquées. C’est du sabotage ! Il est vrai que vous ne pouvez pas être constamment présents lors des devoirs, mais vous pouvez instaurer des emplacements pour garder ce « Saint Portable » à une distance respectable de la table de travail. Une saine habitude à acquérir, rien de plus.
L’organisation temporelle, quant à elle, regroupe l’emploi du temps scolaire et celui des activités familiales, sportives et culturelles. Assurez-vous que vos enfants n’aient pas un emploi du temps ministériel qui risquerait de les épuiser très rapidement. Tous ne supportent pas la même charge, chacun dépense son énergie différemment, mais la tentation est grande de les confronter à un très grand nombre d’activités. Il ne s’agit pas de se cultiver par procuration, restons conscients, ou de devenir champion de tennis à travers nos enfants, mais de respecter leur équilibre. Tant d’enfants se reposent en classe de contraintes extrascolaires, certains finissent même par s’endormir ! Leurs nuits, face à la demande croissante de rentabilité dans tous les domaines, ressemblent à de grands champs de bataille et la désaffection scolaire guette. Il va falloir jongler entre devoirs et activités, une situation épuisante pour tous qui laisse peu de place au dialogue familial, entre autres. Un enfant reposé s’épanouit, on le sait.
On prend de saines habitudes de travail, rentables
Même si ce début d’année vous semble aborder des notions déjà travaillées, que certains vous parlent de révisions, misez sur l’entraînement du cerveau. Ce premier trimestre doit générer une mise en route fiable et chaque tâche scolaire revêt un intérêt pour la suite de l’année. Ainsi, consulter ses devoirs, vérifier le contenu de son sac ne suffisent pas. Comme un moteur en rodage, le cerveau gagne en élasticité et l’élève, en curiosité et en sécurité. L’attitude « Je ne vais quand même pas refaire ce que j’ai fait l’année dernière ! » est un puissant saboteur également. Ce premier trimestre est l’occasion de consolider certaines notions, de les revisiter avec davantage de maturité et une mise à distance qui apporte souvent une nouvelle compréhension. Alors, courageusement et avec la plus grande curiosité, on s’entraîne à :
- Réviser le soir même la leçon, le résumé, tout écrit de la journée,
- Réinvestir les leçons dans des exercices d’application pour vérifier que l’on a compris,
- Corriger ses erreurs,
- Mettre au propre les notes prises trop vite,
- Schématiser certaines leçons,
- Mémoriser des contenus,
- Parler à haute et intelligible voix pour être compris.
C’est ainsi qu’une fois ces habitudes ancrées, le travail intéressant peut commencer. Apprendre à apprendre pour soutenir sa curiosité face aux savoirs et savoir-faire à acquérir est plus que bénéfique, c’est même productif.
On comprend les attentes des enseignants et des programmes
Avoir connaissance des compétences à acquérir en fin d’année en termes de connaissances et de savoir-faire est nécessaire afin que l’élève ou l’étudiant ait conscience de l’effort à fournir pour atteindre les objectifs. De plus, cela donne du sens à tout apprentissage. Si vous ne voyez pas la cible, lancerez vous la fléchette ? C’est le moteur de la motivation. Savoir à quelles fins on apprend ou on s’exerce est indispensable au partenariat-école-élève. De même, comprendre quel type de travail chaque enseignant attend, que le contrat soit implicite ou clairement défini, est important. Ce ne sont pas des fantaisies d’enseignant, mais un contexte de travail qui permet de développer des aptitudes et des connaissances. L’élève et l’enseignant ont chacun la responsabilité de gérer, pour partie, les savoirs. C’est un système d’obligation réciproque. Ce système n’existe plus dès lors que l’on « consomme » l’école comme tout bien de consommation courante, car l’élève se place alors dans une situation d’attentes qui ne peuvent être satisfaites. Vous l’aurez compris, le rôle de l’enseignement n’est pas de remplir des têtes, mais de stimuler la curiosité et les interactions nécessaires au développement intellectuel et physique des élèves. Bon premier trimestre.
Valérie THEVENIAUT