LA FIN DU PREMIER TRIMESTRE APPROCHE, NOËL AUSSI. LES ILLUMINATIONS ET LES PRÉPARATIFS FERAIENT PRESQUE OUBLIER LES NOTES ET LE BULLETIN TANT ATTENDU. UN LONG TRIMESTRE ET DE FORTES ATTENTES: DE BONNES NOTES, DE BELLES APPRÉCIATIONS QUI NE VIENDRONT EN AUCUN CAS GÂCHER LA FÊTE. LA RÉALITÉ EST SOUVENT DIFFÉRENTE, PLUS NUANCÉE. COMMENT ANALYSER CETTE PREMIÈRE PÉRIODE DE TRAVAIL SANS COMPROMETTRE LES RÉJOUISSANCES FAMILIALES?
Oui, vous l’aurez compris, tout réside dans l’analyse. Si vous tentez de lire ce premier bulletin entre la liste des cadeaux et le choix du menu, il y a de fortes chances pour que vous passiez à côté du réel travail de votre enfant, qu’il ne comprenne pas comment remédier à la situation et que vous vous sentiez débordés par un flux d’émotions. Prendre un temps spécifique et isolé des préparatifs de Noël pour s’approprier notes et appréciations s’avère plus que nécessaire. Itinéraire d’un parent constructif, c’est par ici.
Ce que nous apprend ce premier bulletin
Il est une mine d’informations sur la manière dont votre enfant est perçu à l’extérieur de la maison d’abord. Son comportement face au travail, mais aussi avec ses pairs et les adultes enseignants ou intervenants sont peut- être différents de celui qu’il adopte à la maison. Par ailleurs, il convient de prendre en compte matière par matière, les objectifs d’apprentissage fixés par l’enseignant, l’appétit de votre enfant pour la matière et la régularité de son travail. Les appréciations sont des indicateurs précieux, plus que la note. Ce premier bilan est surtout révélateur d’un profil d’élève qui peut évoluer au cours de l’année, ou bien être modifié si l’attitude et/ou les méthodes ne conviennent pas. Faites fi de vos attentes et relevez, en première lecture, les informations suivantes :
- Le comportement, l’implication de l’enfant dans le travail de classe
- L’attitude face au travail, passive, rapide, curieuse…
- Les résultats par rapport au groupe classe
- La régularité du travail, travaux rendus à temps ou non
- Les efforts fournis ou pas
- Les interventions orales ou muettes
- Les difficultés réelles, en dehors des points précédents, face aux attentes d’un professeur ou d’une nouvelle matière. Ensuite, il est temps de se détendre pour en parler avec votre enfant, sans émotion refoulée, mauvaise pour la santé.
Ce premier bulletin ne peut en aucun cas gâcher les fêtes ni les vacances
Vous êtes déçu, les notes ne sont pas à la hauteur de vos attentes et les appréciations ne sont pas très brillantes… Vous avez le droit de ressentir de la déception, de dire l’écart vécu entre attentes et réalité du travail fourni, mais plus tard. La parole est à l’élève. En tout premier lieu, lui demander si le bulletin est le reflet de la réalité, ce qu’il pense des notes et des appréciations est primordial. Cela vous permettra de mesurer l’écart entre ce qu’il vit, ce qu’il assume et l’image perçue par le corps enseignant. Il va de soi que vous restez, pendant ce temps, d’une neutralité à toute épreuve. Ensuite, lui donner les éléments que vous avez relevés et lui demander de les analyser avec vous. La démarche suivante peut être adoptée si les reproches ne dominent pas la conversation:
- Identifiez les raisons de certaines notes ou appréciations, sans reporter la responsabilité sur autrui
- Investiguez sur les méthodes de travail, l’organisation
- Rassurez-le en évoquant des solutions, du temps, votre aide, du soutien…
- Souvenez-vous qu’un mauvais bulletin n’est pas agréable à présenter à ses parents
- Dédramatisez en utilisant tout ce qui pourrait être blessant comme un électrochoc. Un commentaire, une appréciation peuvent alerter si on évite d’y voir un jugement.
Enfin, il reste deux trimestres et vous décidez de changer de plan d’action avec votre enfant. Vous êtes partenaires, il assume sa part de responsabilité, c’est-à-dire l’entraînement, la mémorisation, le travail de recherches et vous la vôtre, l’encadrement, l’aide, l’ambiance propice au travail. Les émotions contrôlées, le bulletin analysé, enfant et parents rassurés par un devenir possible, les préparatifs peuvent commencer.
L’ultime question
Elle vous trotte dans la tête, elle est là. «Un système de récompense serait-il efficace?» En bref, la carotte et le bâton sont-ils encore en vogue? La tentation est grande, mais la vraie question est «Quel type de motivation je souhaite donner à mon enfant ?» Nous abordons là votre système de valeurs et la construction du plaisir. Vaste programme ! Marshall Rosenberg, psychologue à l’origine de la «Communication Non Violente», insiste sur le fait que l’apprentissage devrait être à lui seule la récompense. Beaucoup de pédagogues et de parents en sont persuadés, à raison. Les récompenses détruisent la spontanéité, le plaisir de se réaliser, l’envie de collaborer et de se sentir utile. Elles cultivent la compétition, l’individualisme, le consumérisme… Autrement dit, en agitant une carotte, on manipule l’enfant pour le voir agir en fonction de nos attentes.
"«Dédramatisez en utilisant tout ce qui pourrait être blessant comme un électrochoc.»"
L’action scolaire perd tout intérêt, la récompense prenant toute la place. Attention danger, la motivation est alors de courte durée et l’apprentissage peu solide. Ne vous reprochez pas de lui avoir offert le jeu dont il rêvait après un excellent résultat, il a peut-être compris votre geste comme une preuve de satisfaction. Mettre en place un système de récompense est tout autre, il suppose barème et systématisation. À terme, cette motivation extrinsèque est nuisible à l’apprentissage ainsi qu’à la relation au plaisir et à soi. «Du bon usage des carottes» pourrait être un sujet de réflexion intéressant en cette période de Noël. Noël, tout comme la motivation, se trouve dans le cœur, pas au pied de l’arbre. Joyeuses fêtes à tous!
Valérie THEVENIAUT