LES PREMIÈRES SEMAINES DE LA RENTRÉE SCOLAIRE SONT PROPICES POUR TISSER DES LIEN DE SOLIDARITÉ BIENVEILLANTS ENTRE LES ÉLÈVES. C’EST SE DONNER POUR CADRE UNE PÉDAGOGIE COLLABORATIVE QUI PERMET DE DÉVELOPPER DURABLEMENT DE NOMBREUSES COMPÉTENCES SCOLAIRES, MAIS ÉGALEMENT DE SOLIDES ET INTÉRESSANTES APTITUDES SOCIALES.
Collaborer pour apprendre et apprendre à collaborer, une relation à double sens dans lequel l’élève a tout à gagner, eu égard aux apprentissages qu’il intègre. On le sait, un groupe d’individus organisés est plus fort qu’une machine seule. En d’autres termes, un groupe d’élèves moyens, mais organisés sera plus performant qu’un élève brillant, mais seul. Mais comment bien collaborer entre élèves ?
Collaborer, c’est…
C’est avant tout l’histoire d’un partage de connaissances et de savoir-faire. Une formidable ressource qui naît dans la solidarité entre élèves : progresser en aidant les autres. Mutualiser les apprentissages s’apprend, car, comme toute dynamique de groupe, cette action n’est que très peu innée. On y apprend à se décentrer pour écouter les autres, entendre d’autres points de vue et à s’exprimer devant un groupe. Cette pédagogie collaborative est fondée sur l’échange organisé et respectueux, favorisant ainsi l’empathie et la tolérance.
Collaborer apparaît alors comme un échange d’idées et de mises en œuvre ne pouvant qu’aboutir à la finalité désirée d’un projet commun. Dans la pratique de classe, on retrouve la collaboration dans les travaux de groupe qui favorisent les interactions entre élèves. Mais on peut également la retrouver à la maison lorsque plusieurs membres de la famille s’associent, puis se distribuent les tâches afin de parvenir à la réussite d’un projet. Collaborer, c’est voir ensemble, marcher ensemble, réussir ensemble avec, pour résultat, des bénéfices collectifs et individuels.
Les bienfaits de la collaboration entre élèves
Pour avoir longtemps exercé dans les classes et effectué des observations, j’ai pu constater les effets bénéfiques du travail en groupe sur la motivation et l’autonomie des élèves. Leurs témoignages sont éloquents : « Dans un groupe, on fait chacun quelque chose », « ça nous donne d’autres méthodes, on peut partager des idées » ou bien « C’est bien pour ceux qui ont du mal, mais pour les autres aussi, ils apprennent à expliquer et on se connaît mieux ». Lorsque les élèves en parlent, leur regard brille, ils se sentent exister et apprendre. En fait, ils prennent conscience que collaborer leur permet de se motiver et d’apprendre plus efficacement. Plusieurs expériences ont été menées autour de projets fédérateurs, comme l’écriture de la suite du Journal d’Anne Frank par des élèves d’un lycée en Arles, avec des résultats probants sur les apprentissages scolaires et sociaux. Les enfants développent ainsi une culture coopérative fondée sur l’échange, l’écoute, la coordination, le compromis, l’entente, la persévérance et la confiance en soi. De quoi faire pâlir nos hommes politiques. Mais l’école ne peut pas assumer seule ce rôle de catalyseur dans les apprentissages, il est donc essentiel de permettre à l’enfant de s’exercer ailleurs.
Que mettre en place à la maison pour aider son enfant à pratiquer la collaboration ?
Apprendre à son enfant à mutualiser, à travailler ensemble, entre les courses, le travail, les activités, les voyages d’affaires, ne semble pas une entreprise facile. Mais rassurez-vous, quelques moyens simples permettront à votre enfant de construire cette collaboration sans trop de participation parentale.
En cette période de rentrée, parents et enseignants peuvent demander à chaque élève de donner son numéro de téléphone et/ou son adresse mail à deux autres. Sans débordements, ils pourront ainsi échanger sur une difficulté, un oubli ou un travail en commun.
Il est possible aussi de créer une «boîte à problèmes du quotidien» et d’en tirer un au sort chaque semaine ou chaque quinzaine en famille. Vous décidez d’une stratégie commune et répartissez les rôles en fonction des forces et des moyens de chacun, petits et grands. C’est un temps de parole pour tous, enfants et parents, qui valorise les capacités des enfants et leur originalité dans la recherche de solutions. De plus, les coucher sur le papier vous fera grand bien.
Une occasion rêvée pour une collaboration est l’anniversaire. Que ce soit celui d’un membre de la famille ou d’un ami, les enfants adorent contribuer à la réussite de l’événement. Au lieu d’inviter tous les copains dans un lieu en vogue, il est possible, après renseignements pris sur les goûts de l’ami, d’organiser une sortie ou un spectacle ou même un simple goûter dans lequel chaque copain sera impliqué. Une démarche qui ne peut aboutir sans la complicité des parents…
Enfin, collaborer entre élèves suppose également une certaine volonté de coopération parentale. Avez-vous déjà pensé à organiser un groupe de travail avec votre enfant, régulièrement et efficacement? La mise en œuvre n’est pas trop importante dans la mesure où chaque enfant du groupe reçoit tour à tour. En revanche, la fiabilité de l’adulte qui encadre ce groupe doit être assurée tout comme la régularité des rencontres. Il existe bien d’autres moyens encore, mais nul doute que vous saurez, le cas échéant, faire preuve d’imagination !
"Collaborer c’est voir ensemble, marcher ensemble, réussir ensemble avec, pour résultat, des bénéfices collectifs et individuels."
Pour conclure, collaborer, capitaliser ses expériences, mutualiser ses connaissances, font partie du bagage commun à chaque individu. Apprendre à partager est essentiel à la construction individuelle, ainsi qu’à l’intelligence collective, l’une n’étant jamais épanouie sans l’autre. C’est adopter une posture et un statut utiles à la future vie d’adulte. Bonne collaboration !
Valérie THEVENIAUT