APPRENDRE, OUI. MAIS COMMENT? TOUT LE MONDE S’EST ENTENDU DIRE, AU MOINS UNE FOIS DANS SA VIE, QU’IL AVAIT UN CERVEAU POUR RÉFLÉCHIR. BIEN, MAIS QU’EN EST-IL DE CE CERVEAU, LORSQUE DES ATTAQUES RÉPÉTÉES LUI MINENT LE MORAL ET PERTURBENT SON FONCTIONNEMENT? LE CERVEAU A DES ENNEMIS QUI ENTRAVENT LES APPRENTISSAGES ET EMPÊCHENT LA CONCENTRATION. LA CHASSE COMMENCE!
Le cerveau est la partie la plus importante du corps, il est à la fois le siège de la mémoire, des fonctions d’apprentissage, des émotions, des sentiments, des fonctions motrices… Il est le patron de notre organisme, travaillant jour et nuit, même quand nous dormons. Ce qui lui confère une certaine fragilité, sur le plan des apprentissages, dès que ses besoins ne sont pas remplis ou sont négligés. Créant alors, lui-même, ses propres ennemis, il est de notre devoir de les identifier afin d’en déjouer les pièges.
Ennemi n° 01 La peur et l’excès de stress ou anxiété
Le tout premier besoin du cerveau est le besoin de sécurité physique et biologique. Une nourriture saine, un sommeil réparateur, de l’exercice physique, de l’air de qualité, une bonne posture du corps, je ne vous apprends rien. Mais il est un besoin, souvent refoulé, qui pourtant, est fondamental pour enclencher des apprentissages, quels qu’ils soient: le besoin de sécurité émotionnelle et psychologique. Pour apprendre efficacement, un enfant, un adolescent, un adulte même, doit :
- Se sentir respecté et recevoir de l’affection
- Ne pas se sentir jugé
- Ne pas subir de stress inutile
- Pouvoir s’exprimer et être écouté
- Ne pas être l’objet de mépris, de chantage, de menaces, de moqueries, de violence physique ou morale
- Être au contact de la nature, de l’Art, avoir des occasions de libérer sa créativité
Ajoutons à cette liste, un zeste d’humour et le cerveau est comblé! Par contre, essayer de faire progresser un élève qui se sent en danger émotionnel ou psychologique est pure utopie. Le cerveau, dans ce cas, se met en position de sécurité et rien ne passe. Votre chaudière fait la même chose en cas de dysfonctionnement de l’un de ses circuits et vous faites appel à un technicien, vous faites bien. Un enfant qui bloque, qui ne mémorise pas, qui ne sait pas ce qu’il a appris dans la journée est très souvent un enfant en insécurité. Un spécialiste est alors indiqué pour identifier la cause de cette insécurité, rien de plus simple. En revanche, ignorer ce besoin de sécurité émotionnelle et psychologique revient à saboter la scolarité de l’enfant et, à terme, à installer durablement l’anxiété et l’inciter à développer des comportements déviants. Donc, dans l’ordre: observation, conscience, prudence, mais action! L’ennemi majeur du cerveau est là.
Enfin, il reste deux trimestres et vous décidez de changer de plan d’action avec votre enfant. Vous êtes partenaires, il assume sa part de responsabilité, c’est-à-dire l’entraînement, la mémorisation, le travail de recherches et vous la vôtre, l’encadrement, l’aide, l’ambiance propice au travail. Les émotions contrôlées, le bulletin analysé, enfant et parents rassurés par un devenir possible, les préparatifs peuvent commencer.
Ennemi n° 02 La peur de l’erreur
Un grand classique, cette peur de l’erreur, tellement efficace, car contre-productive, elle agit à notre insu. Ne pas accepter l’erreur est un signe de force intellectuelle, de maîtrise. Se tromper n’est pas admis, car cela montrerait les défaillances de nos manières d’apprendre, ou notre vulnérabilité. L’erreur fait alors peur et, le cerveau, centré sur cette peur, bloque les circuits de la concentration, de la compréhension et de la mémorisation. Vous comprendrez donc qu’avoir peur de l’erreur est une redoutable erreur, elle est source de stress intense. Se tromper est nécessaire! Analyser l’erreur permet d’en comprendre la cause et les mécanismes, favorisant ainsi la compréhension. Le cerveau adore progresser ainsi. Créer des situations d’apprentissage dans lesquelles les erreurs ont toute leur place permet aux enfants de prendre confiance en eux et de se sentir persévérer. Accorder la juste importance à l’effort qui permet de dépasser ses erreurs, apprendre la persévérance rend le cerveau extrêmement malléable et réceptif à tout apprentissage. L’erreur est donc un outil de travail et le cerveau peut la reconnaître comme telle.
Ennemi n° 03 Les croyances sur l’intelligence et le découragement
Dès que le cerveau effectue ce type d’activité, comprendre l’erreur, persévérer, analyser les mécanismes de compréhension, il fabrique de nouvelles connexions neuronales, et longtemps. Le niveau d’intelligence n’est en aucun cas fixé à vie. C’est une croyance à la peau dure qui fige certains enfants dans un rôle qui leur a été affecté, très souvent, dès leurs premiers mots ou gestes. De ce fait, certains, persuadés de leur surefficience, ne se donnent pas la peine de travailler et d’autres attendent qu’une bonne fée les exonère de travail pour cause d’intelligence limitée. Dans les deux cas, le découragement est le résultat de croyances qui empêchent le cerveau d’évoluer, de combiner, d’analyser, de procéder à toutes ces opérations mentales qui sont, pour lui, un réel besoin afin de devenir efficient. Ce type de croyance agit comme un véritable verrou sur les mécanismes de compréhension. «Je n’y arriverai jamais», «A quoi ça sert de travailler puisque je ne suis pas assez intelligent ?»! ou bien encore «C’est bon, j’ai compris, je ne vais quand même pas perdre mon temps à réviser» proviennent de la même croyance: celle qui prédéfinit la forme et le niveau d’intelligence. Or l’intelligence est multiple et son niveau évolue chaque jour pour qui veut bien prendre la peine de fournir un effort. Le découragement est inévitable, car personne ne peut, sans conscience ni aide, dépasser de telles barrières. Ces pensées bloquent les capacités d’apprentissage. Pour en sortir, l’enfant doit comprendre, grâce au guidage de l’adulte, que tout est une question de temps et de méthodes, que l’apprentissage n’est pas une course à la performance, que la seule personne à qui, un jour, il devra rendre des comptes, c’est lui-même. Lui dire que ce qu’il fait est difficile et qu’il est possible qu’il n’y arrive pas tout de suite, qu’il n’y arrive pas encore, lui permettra de se sentir efficacement encouragé, il y arrivera donc un jour. Ses erreurs seront valorisées puisqu’issues du mécanisme de compréhension. Chaque enfant, chaque individu, doit avoir la certitude de pouvoir s’améliorer, chaque jour.
Souvenez-vous qu’on apprend mieux lorsqu’on est détendu et joyeux. Cet état de grâce n’est pas toujours possible, mais il nous appartient à nous, adultes, d’en favoriser l’éclosion en déjouant du mieux possible les ennemis du cerveau. Bonne chasse!
Valérie THEVENIAUT